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Ãëàâíàÿ / Ïðåäìåòû / Èñêóññòâî è êóëüòóðà / Claude Monet


Claude Monet - Èñêóññòâî è êóëüòóðà - Ñêà÷àòü áåñïëàòíî


UNIVERSITE  LINGUISTIQUE  D’ETAT DE MINSK
                                CHAIRE  DE LA PHONETIQUE  FRANCAISE



                  CLAUDE MONET



                                                            Par etudiant du
groupe ¹ 209

 du faculte de francais

 Joukov Vladimir


  Pris par :

  Primak P. I.



                                                        MINSK 2001



|                        |Claude Monet par lui-même                      |
|                        |En 1900, Monet a atteint la gloire. A          |
|                        |l'occasion d'une exposition parisienne un      |
|                        |journaliste du Temps, Thiébault-Sisson, lui    |
|                        |fait raconter sa vie. Le 26 novembre 1900 le   |
|                        |journal Le Temps publie donc cette             |
|                        |autobiographie où Monet bâtit lui-même sa      |
|                        |légende. Le texte, savoureux et volontiers     |
|                        |anecdotique, n'est pas forcément le reflet     |
|                        |fidèle de la réalité...                        |



                                            Mon histoire

Je suis un Parisien de Paris. J'y suis né, en 1840, sous le bon roi Louis-
Philippe, dans un milieu tout d'affaires où l'on affichait un dédain
méprisant pour les arts. Mais ma jeunesse s'est écoulée au Havre, où mon
père s'était installé, vers 1845, pour suivre ses intérêts de plus près, et
cette jeunesse a été essentiellement vagabonde. J'étais un indiscipliné de
naissance ; on n'a jamais pu me plier, même dans ma petite enfance, à une
règle. C'est chez moi que j'ai appris le peu que je sais. Le collège m'a
toujours fait l'effet d'une prison, et je n'ai jamais pu me résoudre à y
vivre, même quatre heures par jour, quand le soleil était invitant, la mer
belle, et qu'il faisait si bon courir sur les falaises, au grand air, ou
barboter dans l'eau.
Jusqu'à quatorze ou quinze ans, j'ai vécu, au grand désespoir de mon père,
cette vie assez irrégulière, mais très saine. Entre temps, j'avais appris
tant bien que mal mes quatre règles, avec un soupçon d'orthographe. Mes
études se sont bornées là. Elles n'ont pas été trop pénibles, car elles
s'entremêlaient pour moi de distractions. J'enguirlandais la marge de mes
livres, je décorais le papier bleu de mes cahiers d'ornements ultra-
fantaisistes, et j' y représentais, de la façon la plus irrévérencieuse, en
les déformant le plus possible, la face ou le profil de mes maîtres.
Je devins vite, à ce jeu, d'une belle force. A quinze ans, j'étais connu de
tout Le Havre comme caricaturiste. Ma réputation était même si bien établie
qu'on me sollicitait platement de tous côtés, pour avoir des portraits-
charge. L'abondance des commandes, l'insuffisance aussi des subsides que me
fournissait la générosité maternelle m'inspirèrent une résolution
audacieuse et qui scandalisa, bien entendu, ma famille : je me fis payer
mes portraits. Suivant la tête des gens, je les taxais à dix ou vingt
francs pour leur charge, et le procédé me réussit à merveille. En un mois
ma clientèle eut doublé. Je pus adopter le prix unique de vingt francs sans
ralentir en rien les commandes. Si j'avais continué, je serais aujourd'hui
millionnaire.
La considération, par ces moyens, m'étant venue, je fus un personnage,
bientôt, dans la ville. A la devanture du seul et unique encadreur qui fit
ses frais au Havre, mes caricatures, insolemment, s'étalaient à cinq ou six
de front, dans des baguettes d'or, sou un verre, comme des oeuvres
hautement artistiques, et quand je voyais, devant elles, les badauds en
admiration s'attrouper, crie, en les montrant du doigt, - C'est un tel ! -
j'en crevais d'orgueil dans ma peau.
Il y avait bien une ombre à ce tableau. Dans la même vitrine, souvent,
juste au-dessus de mes produits, je voyais accrochées des marines que je
trouvais, comme la plupart des Havrais, dégoûtantes. Et j'étais, dans mon
for intérieur, très vexé d'avoir à subir ce contact, et je ne tarissais pas
en imprécations contre l'idiot qui, se croyant un artiste, avait eu
le toupet de les signer, contre ce "salaud" de Boudin. Pour mes yeux,
habitués aux marines de Gudin, aux colorations arbitraires, aux notes
fausses et aux arrangements fantaisistes des peintres à la mode, les
petites compositions si sincères de Boudin, ses petits personnages si
justes, ses bateaux si bien gréés, son ciel et ses eaux si
exacts,uniquement dessinés et peints d'après nature, n'avaient rien
d'artistique, et la fidélité m'en paraissait plus que suspecte. Aussi sa
peinture m'inspirait-elle une aversion effroyable, et, sans connaître
l'homme, je l'avais pris en grippe. Souvent l'encadreur me disait : "Vous
devriez faire la connaissance de Monsieur Boudin. Quoi qu'on dise de lui,
voyez-vous, il connaît son métier. Il l'a étudié à Paris, dans les ateliers
de l'école des Beaux-Arts. Il pourrait vous donner de bons conseils".
Et je résistais, je faisais mon faraud. Que pourrait bien m'apprendre un
bonhomme aussi ridicule ?
   Un jour vint pourtant, jour fatal, où le hasard me mit en présence de
Boudin, malgré moi. Il était dans le fond de la boutique ; je ne m'étais
pas aperçu de sa présence, et j'entrai. L'encadreur prend la balle au bond
et, sans me demander mon avis, me présente : "Voyez donc, Monsieur Boudin,
c'est ce jeune homme qui a tant de talent pour la charge !" Et Boudin,
immédiatement, venait à moi, me complimentait gentiment de sa voix douce,
me disait : "Je les regarde toujours avec plaisir, vos croquis ; c'est
amusant, c'est leste, c'est enlevé. Vous êtes doué, ça se voit tout de
suite. Mais vous n'allez pas, j'espère, en rester là.  C'est très bien pour
un début, mais vous ne tarderez pas à en avoir assez, de la charge.
Etudiez, apprenez à voir et à peindre, dessinez, faites du paysage. C'est
si beau, la mer et les ciels, les bêtes, les gens et les arbres tels que la
nature les a faits, avec leur caractère, leur vraie manière d'être, dans la
lumière, dans l'air, tels qu'ils sont".
Mais les exhortations de Boudin ne mordaient pas. L'homme, tout compte
fait, me plaisait. Il était convaincu, sincère, je le sentais, mais je ne
digérais pas sa peinture, et, quand il m'offrait d'aller dessiner avec lui
en pleins champs, je trouvais toujours un prétexte pour refuser poliment.
L'été vint ; j'étais libre, à peu près, de mon temps ; je n'avais pas de
raison valable à donner ; je m'exécutai de guerre lasse. Et Boudin, avec
une inépuisable bonté, entreprit mon éducation. Mes yeux, à la longue,
s'ouvrirent, et je compris vraiment la nature ; j'appris en même temps à
l'aimer. Je l'analysai au crayon dans ses formes, je l'étudiai dans ses
colorations. Six mois après, en dépit des objurgations de ma mère, qui
commençait à s'inquiéter sérieusement de mes fréquentations et qui me
voyait perdu dans la société d'un homme aussi mal noté que Boudin, je
déclarai tout net à mon père que je voulais me faire peintre, et que
j'allais m'installer à Paris, pour apprendre.
- Tu n'auras pas un sou !

- Je m'en passerai.
Je pus m'en passer, en effet. J'avais depuis longtemps fait ma bourse. Mes
caricatures l'avaient garnie largement. Il m'était souvent arrivé, en un
jour, d'exécuter sept ou huit portraits-charge. A un louis la pièce, mes
rentrées avaient été fructueuses, et j'avais pris l'habitude, dès le
début, de les confier à une de mes tantes, ne me réservant pour mon argent
de poche que des sommes insignifiantes. Avec deux mille francs, à seize
ans, on se croit riche. Je me munis, près de quelques amateurs de peinture
qui protégeaient Boudin, qui avaient des relations avec Monginot, avec
Troyon, avec Amand Gautier, de quelques lettres de recommandation et je
filai dare-dare sur Paris.
Je mis quelque temps, tout d'abord, à me débrouiller. J'allai visiter les
artistes près desquels j'étais introduit. Je reçus d'eux d'excellents
conseils ; j'en reçus aussi de détestables. Troyon ne voulut-il pas me
faire entrer dans l'atelier de Couture ? Avec quelle décision je m'y
refusai, inutile de vous le dire. J'avoue même que cela me refroidit,
momentanément du moins, dans mon estime pour Troyon. Je cessai peu à peu de
le voir et ne me liai plus, tout compte fait, qu'avec des artistes qui
cherchaient. Je rencontrai à ce moment Pissarro qui ne songeait pas encore
à se poser en révolutionnaire et qui travaillait tout bonnement dans la
note de Corot. Le modèle était excellent ; je fis comme lui, mais, tout le
temps de mon séjour à Paris, qui dura quatre années, etb qu'entrecoupèrent
d'ailleurs de fréquents voyages au Havre, c'est sur les conseils de Boudin
que je me réglai, tout enclin que je fusse à voir avec plus de largeur la
nature.
J'atteignis ainsi mes vingt ans. L'heure de la conscription allait sonner.
Je la vis approcher sans terreur. Ma famille de même. On ne m'avait pas
pardonné ma fugue, on ne m'avait laissé vivre à mon gré, durant ces quatre
années, que parce qu'on espérait me pincer au tournant du service
militaire. On supposait que, ma gourme une fois jetée, je me trouverais
suffisamment assagi pou rentrer, sans trop me faire prier, chez les miens
et me plier enfin aux affaires. Sur mon refus, on me couperait les vivres,
et, si je tirais un mauvais numéro, on me laisserait partir.
 On se trompait. Les sept années qui paraissaient si dures à tant d'autres
me paraissaient à moi pleines de charmes. Un ami qui était un "chass d'Af"
et qui adorait la vie militaire, m'avait communiqué son enthousiasme et
insufflé son goût d'aventures. Rien ne me semblait attirant comme les
chevauchées san fin au grand soleil, les razzias, le crépitement de la
poudre, les coups de sabre, les nuits dans le désert sous la tente et je
répondis à la mise en demeure de mon père par un geste d'indifférence
superbe. J'amenai un mauvais numéro. J'obtins, sur mes instances, d'être
versé dans un régiment d'Afrique et je partis.
Je passai en Algérie deux années qui, réellement, furent charmantes. Je
voyais sans cesse du nouveau ; je m'essayais, dans mes moments de loisir, à
le rendre. Vous n'imaginez pas à quel point j'y appris et combien ma vision
y gagna. Je ne m'en rendis pas compte tout d'abord. Les impressions de
lumière et de couleur que je reçus là-bas ne devaient que plus tard se
classer : mais le germe de mes recherches futures y était.
Je tombai malade, au bout de deux ans, très gravement. On m'envoya me
refaire au pays. Les six mois de convalescence s'écoulèrent à dessiner et à
peindre avec un redoublement de ferveur. A me voir ainsi m'acharner, tout
miné que je fusse par la fièvre, mon père se convainquit qu'aucune volonté
ne me briserait, qu'aucune épreuve n'aurait raison d'une vocation aussi
déterminée, et, tant par lassitude que par crainte de me perdre, car le
médecin lui avait laissé entrevoir cette éventualité, dans le cas où je
retournerais en Afrique, se décida vers la fin de mon congé à me racheter.
"Mais il est bien entendu, me dit-il, que tu vas travailler, cette fois,
sérieusement. Je veux te voir dans un atelier, sous la discipline d'un
maître connu. Si tu reprends ton indépendance, je te coupe sans barguigner
ta pension. Est-ce dit ?" La combinaison ne m'allait qu'à moitié, mais je
sentis bien qu'il était nécessaire, pour une fois que mon père entrait dans
mes vues, de ne pas le rebuter. J'acceptai. Il fut convenu que j'aurais à
Paris, dans la personne du peintre Toulmouche, qui venait d'épouser une de
mes cousines, un tuteur artistique qui me guiderait et fournirait le compte
rendu régulier de mes travaux.
Je débarquai  un beau matin chez Toulmouche avec un stock d'études dont il
se déclara enchanté. "Vous avez de l'avenir, me dit-il, mais il faut
canaliser votre élan. Vous allez entrer chez Monsieur Gleyre. C'est le
maître rassis et sage qu'il vous faut". Et j'installai en maugréant mon
chevalet dans l'atelier d'élèves que tenait cet artiste célèbre. J'y
travaillai, la première semaine, en conscience, et j'enlevai avec autant
d'application que de fougue mon étude de nu d'après le modèle vivant que
Monsieur Gleyre corrigeait le lundi. Quand il passa, la semaine d'après,
devant moi, il s'assit, et, solidement calé sur ma chaise, regarda
attentivement le morceau. Je le vois ensuite se retourner, inclinant d'un
air satisfait sa tête grave, et je l'entends me dire en souriant : "Pas mal
! pas mal du tout, cette affaire-là, mais c'est trop dans le caractère du
modèle. Vous avez un bonhomme trapu : vous le peignez trapu. Il a des pieds
énormes : vous les rendez tels quels. C'est très laid, tout ça. Rappelez-
vous donc, jeune homme, que, quand on exécute une figure, on doit toujours
penser à l'antique. La nature, mon ami, c'est très bien comme élément
d'étude, mais ça n'offre pas d'intérêt. Le style, voyez-vous, il n'y a que
ça".
J'étais fixé. La vérité, la vie, la nature, tout ce qui provoquait en moi
l'émotion, tout ce qui constituait à mes yeux l'essence même, la raison
d'être unique de l'art, n'existait pas pour cet homme. Je ne resterais pas
chez lui. Je ne me sentais pas né pour ercommencer à sa suite les Illusions
perdues et autres balançoires. Alors à quoi bon persister ?
J'attendis toutefois quelques semaines. Pour ne pas exaspérer ma famille,
je continuai à faire acte de présence, mais le temps d'exécuter d'après le
modèle une pochade, d'assister à la correction..., et je filais. J'avais
trouvé, d'ailleurs, à l'atelier, des compagnopns qui me plaisaient, des
natures qui n'avaient rien de banal. C'étaient Renoir et Sisley, que je ne
devais plus désormais perdre de vue ; c'était Bazille, qui devint aussitôt
mon intime, et qui aurait fait parler de lui, s'il avait vécu. Ni les uns
ni les autres ne mainfestaient plus que moi d'enthousiasme pour un
enseignement qui contrariait à la fois leur logique et leur tempérament. Je
leur prêchai immédiatement la révolte. L'exode résolu, on partit, et nous
prîmes un atelier en commun, Bazille et moi.
J'ai oublié de vous dire que, depuis peu, j'avais fait la connaissance de
Jongkind. Pendant mon congé de convalescence, un bel après-midi, je
travaillais aux environs du Havre dans une ferme. Une vache pâturait dans
un pré : l'idée me vint de dessiner la bonne bête. Mais la bonne bête était
capriceuse, et, à chaque instant, se déplaçait. Mon chevalet d'une main, ma
sellette de l'autre, je la suivais pour retrouver tant bien que mal mon
point devue. Mon manège devait être fort drôle car un grand éclat de rire,
derrière moi retentit. Je me retourne et je vois un colosse qui pouffe.
Mais le colosse était un bon diable. "Attendez, me dit-il, que je vous
aide". Et le colosse, à grandes enjambées, rejoint la vache et,
l'empoignant par les cornes, veut la contraindre à poser. La vache, qui
n'en avait pas l'habitude, se rebiffe. C'est à mon tour, cette fois,
d'éclater. le colosse, tout déconfit, lâche la bête et vient faire la
causette avec moi.
C'était un Anglais de passage, très amoureux de peinture et très au
courant, ma foi, de ce qui se passait chez nous :
- Alors vous faites du paysage, me dit-il.

- Mon Dieu, oui.

- Connaissez-vous Jongkind ?

- Non, mais j'ai vu de sa peinture.

- Qu'en dites-vous ?

- C'est rudement fort.

- Vous êtes dans le vrai. Savez-vous qu'il est ici ? 

- Ah bah ?

- Il habite à Honfleur. Auriez-vous plaisir à le connaître ? 

- Fichtre oui. Mais vous êtes donc de ses amis ? 

- Je ne l'ai jamais vu, mais dès que j'ai su sa présence, je lui ai envoyé
ma carte. C'est une entrée en matière. Je vais l'inviter à déjeuner avec
vous.
L'Anglais, à ma grande surprise, tint parole et, le dimanche suivant, nous
déjeunions tous trois de compagnie. Jamais repas ne fut si gai. En plein
air, dans un jardinet de campagne, sous les arbres, en face d'une bonne
cuisine rustique, son verre plein, entre deux admirateurs dont la sincérité
ne faisait pas de doute, Jongkind ne se sentait pas d'aise. L'imprévu de
l'aventure l'amusait : il n'était pas habitué, d'ailleurs, à êtrerecherché
de la sorte. Sa peinture était trop nouvelle et d'une note bien trop
artistique pour qu'on l'appréciât, en 1862, à son prix. Nul, aussi, ne
savait moins se faire valoir. C'était un brave homme tout simple, écorchant
abominablement le français, très timide. Il fut très expansif ce jour-là.
Il se fit montrer mes esquisses, m'invita à venir travailler avec lui,
m'expliqua le comment et le pourquoi de sa manière et compléta par là
l'enseignement que j'avais déjà reçu de Boudin. Il fut, à partir de ce
moment, mon vrai maître, et c'est à lui que je dus l'éducation définitive
de mon oeil.
Je le revis à Paris très souvent. Ma peinture, ai-je besoin de le dire, y
gagna. Les progrès que je fis furent rapides. Trois ans après, j'exposais.
Les deux marines que j'avais envoyées furent reçues avec un numéro un,
accrochées sur la cimaise en belle place. Ce fut un gros succès. Même
unanimité dans l'éloge, en 1866, pour un grand portrait que vous avez vu
chez Durand-Ruel fort longtemps, la Femme en vert.  Les journaux portèrent
mon nom jusqu'au Havre. La famille me rendit enfin son estime. Avec
l'estime revint la pension. Je nageai dans l'opulence, provisoirement du
moins, car on devait se rebrouiller par la suite, et je me lançai à corps
perdu dans le plein air.
C'était une dangereuse nouveauté. Nul n'en avait fait jusque là, pas même
Manet qui ne s'y essaya que plus tard, après moi. Sa peinture était encore
très classique, et je me souviens toujours du mépris avec lequel il parla
de mes débuts. C'était en 1867 : ma manière s'était accusée, mais elle
n'avait rien de révolutionnaire, à tout prendre,. J'étais loin d'avoir
encore adopté le principe de la division des couleurs qui ameuta contre moi
tant de gens, mais je commençais à m'y essayer partiellement et je
m'exerçais à des effets de lumière et de couleur qui heurtaient les
habitudes reçues. Le jury, qui m'avait si bien accueilli tout d'abord, se
retourna contre moi, et je fus ignominieusement blackboulé quand je
présentai cette peinture nouvelle au Salon.
Je trouvai tout de même un moyen d'exposer, mais ailleurs. Touché par mes
supplications, un marchand qui avait sa boutique rue Auber consentit à
mettre en montre une marine refusée au Palais de l'Industrie. Ce fut un
tollé général. Un soir que je m'étais arrêté dans la rue, au milieu d'une
troupe de badauds, pour entendre ce qu'on disait de moi, je vois arriver
Manet avec deux ou trois de ses amis. Le groupe s'arrête, regarde, et
Manet, haussant les épaules, s'écrie dédaigneusement : "Voyez-vous ce jeune
homme qui veut faire du plein air ? Comme si les anciens y avaient jamais
songé !"
Manet avait d'ailleurs contre moi une vieille dent. Au Salon de 1866, le
jour du vernissage, il avait été accueilli, dès l'entrée par des
acclamations. "Excellent, mon cher, ton tableau !" Et des poignées de main,
des bravos, des félicitations. Manet, comme vous pouvez le penser,
exultait. Quelle ne fut pas sa surprise quand il s'aperçut que la toile
dont on le félicitait était de moi. C'était la Femme en vert. Et le malheur
avait voulu que, s'esquivant, il tombât sur un groue dont Bazille et moi
nous étions. "Comment va ? lui dit un des nôtres. - Ah ! mon cher, c'est
dégoûtant, je suis furieux. On ne me fait compliment qued'un tableau qui
n'est pas de moi. C'est à croire à une mystification".
Quand Astruc, le lendemain, lui apprit que son mécontentement s'était
exhalé devant l'auteur même du tableau et qu'il lui proposa de me présenter
à lui, Manet, d'un grand geste, refusa. Il me gardait rancune du tour que
je lui avais joué sans le savoir. Une seule fois on l'avait félicité d'un
coup de maître et ce coup de maître avait été frappé par un autre. Quelle
amertume pour une sensibilité à vif comme la sienne.
Ce fut en 1869 seulement que je le revis, mais pour entrer dans son
intimité aussitôt. Dès la première rencontre il m'invita à venir le
retrouver tous les soirs dans un café des Batignolles où ses amis et lui se
réunissaient, au sortir de l'atelier, pour causer. J'y rencontrai Fantin-
Latour et Cézanne, Degas, qui arriva peu après d'Italie, le critique d'art
Duranty, Emile Zola qui débutait alors dans les lettres, et quelques autres
encore. J'y amenai moi-même Sisley, Bazille et Renoir. Rien de plus
intéressant que ces causeries, avec leur choc d'opinions perpétuel. On s'y
tenait l'esprit en haleine, on s'y encourageait à la recherche
désintéressée et sincère, on y faisait des provisions d'enthousiasme qui,
pendant des semaines et des semaines, vous soutenaient jusqu'à la mise en
forme définitive de l'idée. On en sortait toujours mieux trempé, la volonté
plus ferme, la pensée plus nette et plus claire.
La guerre vint. Je venais de me marier. Je passai en Angleterre. Je trouvai
à Londres Bonvin, Pissarro. J'y connus aussi la misère. L'Angleterre ne
voulait pas de nos peintures. C'était rude. Un hasard me fit rencontrer
Daubigny, qui naguère m'avait témoigné de l'intérêt. Il exécutait alors des
vues de la Tamise qui plaisaient beaucoup aux Anglais. Ma situation l'émut.
"Je vois ce qu'il vous faut, me dit-il ; je vais vous amener un marchand".
Je faisais la connaissance, le lendemain, de Durand-Ruel.
Et Durand-Ruel, pour nous, fut le sauveur. Pendant quinze ans et plus, ma
peinture et celle de Renoir, de Sisley, de Pissarro n'eurent d'autre
débouché que le sien. Un jour vint où il lui fallut se restreindre, espacer
ses achats. Nous croyions voir la  ruine : c'était le succès qui arrivait.
Proposés à Petit, aux Boussod, nos travaux trouvèrent en eux des acheteurs.
On les trouva tout de suite moins mauvais. Chez Durand-Ruel, on n'en eût
pas voulu ; on prenait confiance chez les autres. On acheta. Le branle
était donné. Tout le monde veut tâter de nous aujourd'hui. 
                                                                Claude Monet

                                      Propos recueillis par Thiébault-Sisson

                       Publié le 26 novembre 1900 dans le journal "Le Temps"

                                Illustrations originales de Maxence Thiberge


                                    [pic]
 Le nom de Monet est étroitement lié à l'histoire de l'impressionnisme, à
sa genèse, à son évolution, à sa conclusion : C'est là son premier titre de
gloire.
Qu'est ce que l'impressionnisme :
Plus qu'une école, l'impressionnisme définit une recherche commune : il
s'agit, non plus tant de rendre compte de la permanence et de la stabilité
de la réalité, mais bien plutôt d'exprimer la nature (et notamment les
paysages) dans ce qu'elle a de mouvant, de transitoire. Techniquement,
cette approche se traduit par la fragmentation et la juxtaposition des
couleurs primaires et de leurs complémentaires, procédés visant à produire
des "vibrations colorées".
Son origine :
Le mot impressionnisme pour définir cette période de l'art est issu d'une
peinture de Monet nommée impression, soleil levant. Celle-ci a été peinte
au Havre. En effet à la suite d'un article paru dans le Charivari où Louis
Leroy prenait pour cible le tableau de Monet, en le taxant ironiquement d'
"impressionniste", le terme fut retenu dès lors par le groupe de peintres
incriminé et par la critique.
Les paysages :
Monet est connu entre autre pour ses splendides paysages. Les
impressionnistes préfèrent peindre la nature bucolique et la campagne au
paysage gris et noir des villes. Ainsi peuvent exploser les couleurs.
L'obsession de la lumière :
Monet observe l'instantanéité : C'est-à-dire la même lumière répandue
partout. Ses premiers tableaux portant sur la lumière sont des meules de
foin normandes à différents moment de la journée et de l'année (ces
tableaux remporteront un énorme succès). S'ensuit des séries d'études sur
la cathédrale de Rouen et sur son jardin à Giverny.



                                    [pic]
En quelques mots...
En dehors de quelques voyages, le grand représentant de l'impressionnisme
n'a jamais vraiment quitté les boucles de la Seine, depuis son enfance au
Havre, sa jeunesse à Paris, puis la fréquentation assidue de Bougival et
d'Argenteuil, jusqu'à son installation à Giverny. De la caricature à la
peinture d'après nature
De la caricature à la peinture d'après nature
Le peintre de plein air Eugène Boudin ayant, vers 1858, remarqué les
talents de caricaturiste de Claude Monet, invite celui-ci à travailler «sur
le motif». C'est une expérience décisive pour le jeune homme. L'année
suivante, Monet quitte Le Havre, où il a passé son enfance et sa jeunesse,
pour se rendre à Paris. Les encouragements du peintre animalier Constant
Troyon (1810-1865) décident Claude Monet à prolonger son séjour dans la
capitale. Il refuse toutefois de s'inscrire à l'atelier de Thomas Couture
(1815-1879) et choisit l'enseignement de l'Académie suisse, où il rencontre
Camille Pissarro. Après deux années de service militaire accompli en
Algérie, Monet, de retour à Paris, entre en 1862 dans l'atelier du peintre
Charles Gleyre. Comme Boudin l'avait incité à peindre en plein air, il
persuade à son tour ses condisciples Frédéric Bazille (1841-1870), Renoir
et Sisley de le suivre en forêt de Fontainebleau. Au mois de mai 1864,
Bazille se joint à lui pour travailler sur les côtes normandes, en
compagnie de Boudin et du Hollandais Jongkind (1819-1891).
L'aurore impressionniste
Pour Monet la peinture est une occupation obsessionnelle, à laquelle un
artiste doit tout sacrifier. Le travail de ses débuts, bien qu'en rupture
avec la peinture d'atelier, laisse apparaître un certain nombre
d'influences: la manière de Corot est visible dans le Pavé de Chailly
(1865), la leçon de Boudin et Jongkind soigneusement mise à profit dans la
Jetée de Honfleur (1864) et l'exemple de Manet fidèlement suivi dans
Camille Monet au petit chien (1866). Monet opère avec Femmes au jardin
(1867) une rupture avec la représentation «classique» du paysage qui était
traditionnellement attachée à la transposition d'un état d'âme; cette
peinture traduit immédiatement, c'est-à-dire sans la médiation d'intentions
«romantiques», un instant fugitif de l'éclat de la nature au printemps.
Cette ?uvre, qui relève encore de la technique de Manet, fut refusée au
Salon de 1867, et achetée par Bazille pour aider Monet (en juin 1868,
Monet, dans la misère, tentera de se suicider). On peut voir aussi dans
cette toile la recherche «impressionniste» d'une atmosphère directement
saisissable.
L'apparence et la réalité
L'hiver 1868-1869, Monet, au cours d'un séjour à Étretat, peint l'un de ses
nombreux paysages de neige, la Pie , où l'oiseau n'est qu'une ponctuation
se détachant sur la toile envahie d'une multitude de «blancs» différents.
Au cours d'un séjour à Bougival, l'été 1869, Monet travaille en compagnie
de Renoir. Les deux peintres, rendant systématique le principe de la
division des tons (Monet: la Grenouillère), inaugurent la vision nouvelle
qui bientôt fait école. À la fin de l'année 1870, Monet rejoint Pissarro à
Londres, où le paysagiste Daubigny le présente au marchand de tableaux Paul
Durand-Ruel. Durant son séjour en Angleterre, il exécute d'admirables
paysages de brume, dont le Parlement de Londres (1871). Après un passage en
Hollande, où il se rend acquéreur d'estampes japonaises qui lui révèlent
des procédés audacieux de cadrage, Monet regagne la France en 1871, peu
après la fin de la guerre. Dans les derniers jours de la même année, il
s'installe à Argenteuil, créant dans cette petite commune des bords de la
Seine le véritable foyer du mouvement impressionniste. Son tableau
Impression, soleil levant (musée Marmottan, Paris), peint en 1872 au Havre,
est la cible de l'exposition de groupe organisée le 15 avril 1874 chez le
photographe Nadar. Même dans ses paysages urbains (série des vues de la
Gare Saint-Lazare , 1876-1877), Monet exerce sa vision sur ce qu'il appelle
un «maximum d'apparences, en étroites corrélations avec les réalités
inconnues».
Giverny
En 1878, le peintre s'installe à Vétheuil avant de s'établir
définitivement, cinq ans plus tard, à Giverny, où il résidera jusqu'à la
fin de sa vie. À l'issue d'un séjour dans le Midi, en 1888, il expose à
Paris Dix marines d'Antibes, pour lesquelles Mallarmé lui manifeste son
admiration: «Il y a longtemps que je mets ce que vous faites au-dessus de
tout, mais je vous crois dans votre plus belle heure.» Après la série des
Peupliers et des Meules exécutée en 1890-1891, Monet peint, dans un souci
de plus en plus marqué de 

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Íàçàä


Íîâûå ïîñòóïëåíèÿ

Óêðàèíñêèé Çåëåíûé Ïîðòàë Ðåôåðàòèê ñîçäàí ñ öåëüþ ïîóëÿðèçàöèè óêðàèíñêîé êóëüòóðû è îáëåã÷åíèÿ ïîèñêà ó÷åáíûõ ìàòåðèàëîâ äëÿ óêðàèíñêèõ øêîëüíèêîâ, à òàêæå ñòóäåíòîâ è àñïèðàíòîâ óêðàèíñêèõ ÂÓÇîâ. Âñå ìàòåðèàëû, îïóáëèêîâàííûå íà ñàéòå âçÿòû èç îòêðûòûõ èñòî÷íèêîâ. Îäíàêî, ñëåäóåò ïîìíèòü, ÷òî òåêñòû, îïóáëèêîâàííûõ ðàáîò â ïåðâóþ î÷åðåäü ïðèíàäëåæàò èõ àâòîðàì. Èñïîëüçóÿ ìàòåðèàëû, ðàçìåùåííûå íà ñàéòå, ïîæàëóéñòà, äàâàéòå ññûëêó íà íàçâàíèå ïóáëèêàöèè è åå àâòîðà.

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